Lettres persanes

9 avril 2008

L'arrivee en Iran s'est faite le 30 mars, sur les chapeaux de roues! A peine l'avion au sol, ma voisine de siege me beugle un tonitruant "welcome to Iran" dans l'oreille droite. Accueil hautement personnalise, sans aucun doute. Inoubliable, c est certain. Plus d'ouie, certes.
A la sortie de l'aeroport, c'est la guerre des taxis, aucune organisation, pas de file stricto sensu, en bref, le bordel, le brol (en bon belge). On me tape dans un taxi, avec un couple d'iraniens. Elle, trop inquiete mais ne pipant pas un mot d'anglais, appelle une amie, qu'elle me passe au telephone, pour savoir ou je vais et comment. En fait, je ne vais pas tres loin, juste a la gare des bus... La voila rassuree. Si elle savait que je comptais me rendre au Pakistan et au Balouchistan, avant de finalement renoncer, consciente des (quelques) dangers que cela comporte...! Cela dit, avec beaucoup de regrets, car tous les voyageurs que je croise depuis 5 jours y vont ou en reviennent...
Gare des bus, pas le temps de penser ni de souffler ni de manger ni de pisser, trois iraniens me menent jusqu a mon bus de luxe en partance pour le sud, a Kerman, 18 heures de route plus loin, pas loin du Balouchistan justement. Je voulais un bus un peu plus pourri, il n y en a plus parait il. Mefiante (les mauvais reflexes etrennes en Inde aupres des eternels racoleurs, race inexistante ici...), je demande toutefois autour de moi ou ces derniers sont passes. Quelqu un me lance spontanement un "...to Pakistan!" . L'Iranien excelle donc dans le tragi-comique et a le sens de l humour!
Ma voisine dans le bus, estimant sans doute que je ne suis plus assez grosse a son gout, me nourrit tout le long... je ne vais donc pas rester maigre longtemps ici. A Kerman, pas de chambres de libre, je decide de pousser un peu plus loin, epuisant mes dernieres reserves de supportabilite de bus (3 heures de plus ou de moins ne faisant plus de differnece a ce stade...), pour me rendre a Bam, la ville victime d un grand seisme, il y a 5 ans maintenant. Je rencontre un iranien, qui apres m avoir offert un incontrounable sandwich au kebab, me propose de rester chez lui et sa femme a Bam. 24 heures meme pas pour une demonstration extensive de la fameuse hospitalite iranienne et au total 4 nuits en compagnie de toute sa famille, a me faire dorloter par sa mere, a apprendre le persan, a cuisiner "belge" avec les produits locaux, a improviser des danses persanes au rythme d'une casserole de cuisine, a pique niquer sous une allee de palmiers, a discuter de l'Iran, de son regime, de Salman et de Khomeni, de mon "mari" laisse en Belgique...
La suite est moins fameuse, quoique. Une semaine sans croiser un blanc (oui, j admets, je l ai cherche en me rendant en Iran et c est ce que je voulais...). Le port du voile, constant, penible, surtout lorsque les toilettes se trouvent hors de la chambre et qu il faut se redeguiser a chaque sortie. Des iraniens qui me suivent en rues, pas tres rassurant. Mais d autres trop heureux de voir des etrangers, tres souriant. Des sites mythiques a visiter ou encore d'autres perdus au milieu du desert qu'il n est pas toujours facile d'atteindre. Des rencontres avec des voyageurs tous plus interessants les uns que les autres, aux histoires et parcours qui font rever, de quoi me donner l envie de voyager, alors que moi meme suis deja en train d accomplir ce reve de voyage et de constamment voyager en revant...